Retour sur une année immobilière hors du commun

Revenons d’abord un peu en arrière. Mars 2020 : le Québec est plongé dans une pandémie alors qu’il est sur une lancée économique rarement observée. Les institutions financières investissent plus que jamais dans notre marché immobilier résidentiel. Leurs taux hypothécaires se négocient à des creux historiques, au point de forcer l’apparition de tests de résistance.

Pour affronter la pandémie, les gouvernements déploient de généreux programmes d’assistance. Résultat : des milliers de Québécois se retrouvent soudainement avec beaucoup de liquidités et plus de temps pour en disposer.

Confinés, on se rue sur les articles de sports et de loisirs individuels, sur les plages de la Gaspésie, chez les marchands de matériaux de construction, etc. Vélos, VTT et bois se vendent à fort prix, jusqu’à en provoquer des ruptures de stock et des listes d’attente.

L’impact de la pandémie sur le marché immobilier

Les mêmes comportements se retrouvent dans le marché immobilier. Jugeant leur habitat inadéquat, notamment en raison du télétravail qui est devenu la norme, de nombreux Québécois se mettent en quête d’un nouveau toit ou encore d’un second. Tout pour stimuler la demande résidentielle!

Du côté de l’offre, bien des facteurs contribuent à réduire largement le parc immobilier. Pensons par exemple au manque criant d’unités, au ralentissement des livraisons, aux embûches administratives, ainsi qu’aux propriétaires qui choisissent massivement de s’accrocher à leur chez-soi. Chacun a ses raisons!

Bref, la liste des facteurs socio-économiques qui créent la surchauffe est longue.

Le nombre d’inscriptions en vigueur diminue alors sans cesse. À titre d’illustration, en mars 2021, Centris ne compte plus que 27 675 inscriptions résidentielles en vigueur, une baisse historique de 43 % par rapport au niveau de mars 2020, lors du début du confinement. Mais contrairement au propre d’un marchand, l’inventaire de la revente est constitué des seules propriétés qu’un particulier choisit de se départir.

Une demande accrue opposée à une offre insuffisante provoque au Québec, comme partout ailleurs, la rareté qui mène aux hausses de prix. Le prix médian d’une unifamiliale au Québec passe ainsi de 276 000 $ au 2e trimestre 2020 à 373 000 $ au 2e trimestre 2021 (+35 %).


Le rôle des courtiers dans un marché en surchauffe

Nous le savons, un vendeur qui met sa propriété en vente recherche deux choses : réaliser une transaction en douceur et obtenir le montant le plus élevé possible. C’est d’ailleurs là que le rôle du courtier prend tout son sens : il accompagne ses clients pour bien les conseiller et pour faciliter la réalisation d’une telle transaction.

Du côté des acheteurs potentiels, la pénurie de propriétés inscrites contraint un certain nombre d’entre eux à reporter leur projet. Il arrive alors de devoir faire face à la charge émotive négative que cela provoque. Motivés par la nécessité de devoir se loger ou se reloger, les acheteurs doivent souvent se concurrencer et les offres multiples deviennent monnaie courante. Parfois, des acheteurs vont jusqu’à renoncer à des mesures de protection essentielles : inspection préachat, garantie légale et certificat de localisation, pourvu que l’institution prêteuse ou son évaluateur agréé en accepte le montant offert.

Là aussi, le rôle du courtier de l’acheteur est de faciliter l’atteinte de l’objectif de son client. Il faut bien sûr le mettre en garde et bien le conseiller, mais la décision finale appartient au client. Trop de commentaires parus dans les médias ne font pas cette distinction, préférant à tort accorder aux courtiers le rôle central.

Vers une autre année record?

Par ailleurs, il faut se réjouir qu’au cours du 1er semestre 2021, les courtiers immobiliers ont accompagné 69 758 acheteurs et autant de vendeurs à conclure leur transaction. Une hausse de 32 % par rapport au nombre de 52 823 pour la même période en 2020. N’oublions pas que l’année 2020 a été une année record!

Ce sont donc près de 17 000 acheteurs de plus, pour qui, en plein climat de surchauffe, leur courtier a fait la différence.

En terminant, je désire saluer toute la créativité, la débrouillardise et le professionnalisme dont les courtiers ont fait preuve pour réaliser les transactions dans des conditions sanitaires et de marché sans précédent. Je désire aussi souligner leur résilience à devoir parfois servir des acheteurs potentiels qui doivent se résigner à reporter leur projet, laissant les courtiers sans rémunération et reconnaissance.

Denis Joanis
Président et chef de la direction
Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec
(APCIQ)

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